Un buste à la mémoire de l’avocat à la Cour d’Appel de Paris, Paul Boyer de Bouillane

J’ai eu la joie et la très agréable surprise de recevoir un courrier de la part d’un très lointain parent habitant sur le Vieux Continent, M. Charles Boyer de Bouillane, cousin au 16e degré de l’ancêtre commun Barthelemy de Bouillanne, né vers 1430. Il est l’arrière-petit-fils de l’avocat à la Cour d’Appel de Paris, Paul Boyer de Bouillane (1848-1908), lui-même mon cousin au 13e degré du même ancêtre vivant au XVe siècle. (Lire l’article en date du 21 juillet 2016)

M. Charles Boyer de Bouillane me communiqua les magnifiques photos d’un buste en plâtre représentant le magistrat, avec l’autorisation de les partager pour le bénéfice du grand public. Le buste, d’après son père, a été réalisé à la mort de l’avocat d’abord par un moulage, donc assez fidèle. Il s’agit d’un modèle en plâtre qui était destiné à un buste final en bronze, mais qui ne fut pas achevé par la suite.

Le buste était dans le grenier de la maison familiale des grands-parents paternels de mon correspondant, son grand-père étant Charles Marie Camille Boyer de Bouillane (capitaine de frégate et Chevalier de la légion d’honneur), fils de l’avocat. « Une grande maison que mon père a vendu avec ses terres vers la fin des années 80 je crois; puis le buste m’a suivi, il partait aux oubliettes, dans deux autres maisons. Un de mes cousins pensait venir le chercher un jour, mais entre temps mes enfants s’en sont séparés pour la vente de leur maison du sud qui devait être vidée rapidement… », écrit-il.

La maison familiale n’était rien de moins que le château de Chabriol sis à Marcols-les-Eaux dans l’Ardèche (France). Selon la mère de mon cousin, il s’agissait d’une maison forte ou plutôt d’un relais de chasse, transmis dans la famille depuis la fin du XVI°, par la famille La Valette, le neveu du Grand Maître de Malte — François I de La Valette-Cornusson — étant venu s’y installer vers 1592. M. Boyer de Bouillane écrit : « Mon père Paul a donc connu sa grand-mère de La Valette qui y vivait je crois bien six mois par an. La famille de mon père Paul (ils étaient 11 enfants) y étaient pendant une partie de la guerre, et mon père y était très attaché. »

« Mes parents sont enterrés dans le cimetière de ce petit village de Marcols-les-Eaux, près d’où je vais souvent (tout petit village du bout du monde perché à 750m sur le Plateau Ardéchois), arpentant ces temps une nature de landes balayées par les vents où nous allions pour de longues et belles marches, enfants avec notre père Paul; pays où j’ai connu les paysans montagnards d’un autre temps travaillant très dur dans un pays qu’ils aimaient… je m’y ressource accompagné des écrits de Jack London ou Sylvain Tesson… »

Château de Chabriol, Marcols-les-Eaux, Ardèche - 01
La maison familiale des La Valette, le château de Chabriol, sis à Marcols-les-Eaux dans l’Ardèche, en France.

Jean de Valette, grand maître de l’Ordre de Malte

Jean de Valette, grand maître de l'Ordre de MalteMon correspondant et cousin, Charles Boyer de Bouillane, est le neveu direct à la 15e génération de Jean de Valette, 49e grand maître de l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, un ordre religieux catholique hospitalier et militaire qui a existé de l’époque des croisades jusqu’au début du XIXe siècle. Il est généralement connu, dès le XIIe siècle, sous le nom de Ordo Hospitalis Sancti Johannis Hierosolymitani.

Né en 1494 à Parisot (actuel département de Tarn-et-Garonne) et mort en 1568 à Malte, Jean de Valette est particulièrement connu pour avoir soutenu face aux Ottomans le siège de Malte de 1565 et avoir fondé et donné son nom à l’actuelle capitale de la République de Malte, La Valette.

Issu d’une famille noble du Rouergue, il est le second fils du chevalier Guillot ou Guillaume de Valette (mort en 1513), seigneur de Cornusson et de Boismenon, gentilhomme ordinaire de la Chambre du Roi, et de Jeanne de Castres (morte en 1548), qui ont eu six enfants : Guillot, Jean, Guillaume, prieur de Saint-Saturnin, François, évêque de Vabres en 1561, présent au concile de Trente en 1563, Antoinette, mariée en 1533 à Raymond de Gibry, seigneur de Caylus en Quercy et Béatrix, mariée à Hugues de Brailh, seigneur de Bramaux en Albigeois.

En 1514, Jean de Valette entre dans l’ordre de Saint-Jean de Jérusalem, dont le couvent est alors l’île de Rhodes. Il est présent au siège de l’île en 1522, avec 159 autres chevaliers et le grand maître Philippe de Villiers de L’Isle-Adam et est fait prisonnier par le corsaire Dragut. Soliman le Magnifique, admirant le courage de cette poignée d’hommes, leur laisse la vie sauve et leur rend la liberté le 1er janvier 1523. Ils trouvent refuge à Civitavecchia, puis à Viterbe et à Nice. Il devient prieur de Saint-Gilles, est nommé gouverneur de Tripoli en 1537 et général des galères de la Religion en 1554. Il est élu grand maître de l’Ordre le 21 août 1557.

Une première crise grave durant son mandat est le siège de Malte, de nouveau par l’armée de Soliman le Magnifique. En 1565, le sultan, irrité par la capture de navires turcs par les chevaliers, fait attaquer l’île de Malte avec 159 navires et 30 000 hommes sous le commandement du général Kara Mustafa. Le 18 ou le 24 mai 1565, les Turcs commencent le siège du fort Saint-Elme, défendu par 130 chevaliers, qui tombe le 23 juin. Ils investissent d’autres places, reprennent la mer le 7 septembre, débarquent de nouveau sur l’île, mais sont battus le 13 par les troupes venant du royaume de Sicile (qui dépend alors de la couronne d’Espagne, donc de Philippe II), arrivées au secours de Malte et rentrent en Turquie.

La seconde crise est celle qui l’oppose au pape Pie V. En effet, le pape s’est attribué la disposition du grand-prieuré de l’ordre à Rome et y fait nommer le cardinal Alexandrin sans en référer au grand-maître et sans payer les droits. Ce dernier envoie son ambassadeur Cambiano pour se plaindre, mais celui-ci est chassé par le pape.

En 1566, le grand maître fait reconstruire le fort Saint-Elme et, juste à côté, une ville nouvelle qui est baptisée de son nom (Humilissima Civitas Valettae, La Valette). Philippe II d’Espagne, lui envoie, pour marquer sa valeur, un poignard d’or avec la devise : Plus quam valor Valetta valet. Jean de Valette meurt le 21 août 1568, âgé de 74 ans. Il est aujourd’hui enterré dans la crypte de la co-cathédrale Saint-Jean de La Valette.

Charles Boyer de Bouillane et la maison de Lévis

Armes de la maison de LévisIl est à noter que mon cousin, Charles Boyer de Bouillane,  est aussi le descendant direct à la 23e génération de Guy Ier de Lévis (v.1180-1233), seigneur de Mirepoix et maréchal de la foi qui s’illustra pendant la croisade des albigeois en tant que lieutenant de son suzerain Simon IV de Montfort.

Guy Ier de Lévis est à l’origine d’une puissante famille de seigneurs languedociens. Elle compta jusqu’à onze branches, dont six ont accédé à la dignité ducale sous l’Ancien Régime. Dix d’entre elles sont aujourd’hui éteintes, dont toutes les branches ducales. Seule subsiste la branche de Léran, qui a repris le nom de Lévis-Mirepoix.

Comme la plupart des grandes maisons d’Ile-de-France, les Lévis faisaient remonter leurs origines mythiques jusqu’à un compagnon de Clovis. Ils rivalisaient avec les Montmorency pour l’honneur d’avoir eu leur ancêtre baptisé par Saint Rémi juste après Clovis, d’où la devise : « Dieu aide au second chrétien Lévis ». Ils se prétendaient aussi – par homophonie avec la tribu juive de Lévi – apparentés à la vierge Marie, et certains n’hésitaient pas à modifier la prière catholique bien connue : « Je vous salue Marie, ma cousine, pleine de grâces… »

Parmi les nombreux descendants de Guy I de Lévis on compte des personnalités qui sont intimement liées à la fondation et à la protection de la Nouvelle-France. Nous retrouvons par exemple : Henri de Lévis vice-roi de la Nouvelle-France, fondateur de la Compagnie du Saint-Sacrement et de la Société Notre-Dame de Montréal; Gabriel Thubières de Lévis de Queylus, fondateur du séminaire de Montréal et vicaire général pour le district de Ville-Marie en Nouvelle-France; François Gaston de Lévis qui, à la suite de la prise de Québec par les Britanniques le 13 septembre 1759, prend le commandement des armées françaises. Il prend alors la charge de défendre Montréal contre une éventuelle attaque de l’ennemi. Il brûle les drapeaux français lors de la capitulation de 1760 pour les soustraire à l’ennemi.

En 1881, l’arrière-grand-père de mon cousin et correspondant, l’avocat Paul Boyer de Bouillane, s’est mis en relation avec Gaston-François-Christophe de Lévis. Petit-fils du maréchal de France, François Gaston de Lévis assure le rôle de ministre du Comte de Chambord, prétendant à la Couronne de France de 1844 à sa mort sous le nom d’Henri V.

Qu’est-ce qui pouvait bien unir le Comte de Chambord, Gaston-François-Christophe de Lévis et Paul Boyer de Bouillane ? Mentionnons que le précepteur du comte de Chambord était nul autre que Marie Constant Fidèle Henri d’Hautpoul, neveu de Marie de Nègre d’Able, intimement liée à l’histoire de Rennes-le-Château. Les familles d’Hautpoul et de Nègre d’Able avaient de très anciens liens de parenté avec la famille de Lévis. En effet, Beaudoin d’Hautpoul était le petit-fils de Jeanne de Lévis Mirepoix (fille de Guy 1er de Lévis), tandis que Antoine Ier de Nègre était marié avec Jeanne de Lévis, fille de Jean IV de Lévis, seigneur de Mirepoix, en 1525. D’ailleurs, l’arrière grand-père du ministre du Comte de Chambord, Jean de Lévis d’Ajac, avait épousé en premières noces Anne d’Hautpoul.

Marie de Nègre d’Able épousa en 1732, François d’Hautpoul, marquis de Blanchefort, seigneur de Rennes-le-Château, et devint célèbre grâce à l’étrange pierre tombale qu’elle laissa après sa mort. Aujourd’hui encore cette pierre reste à l’origine de nombreuses légendes et suppositions sur un hypothétique trésor à Rennes-le-Château. (Lire l’article en date du 21 juillet 2016)

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« J’ai une vie assez solitaire, en vivant davantage avec et dans la Nature, en contact avec les personnes aimées, avec mes frère et soeurs, la splendeur du soleil couchant avec notre regard de coeur, splendeur de l’Univers comme le poète l’exprime mieux que moi. »

— Charles Boyer de Bouillane

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« Bonjour M. Boulianne. Je peux vous souligner l'excellence de vos écrits sous une transparence indéniable. »

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